Le chantier a duré de 2010 à 2016.
Aménagement des abords
Plutôt que de les détruire, le maître d’ouvrage a réhabilité les dépendances en abri de jardin ou en garage.
Structure
Le soubassement de pierre et une très grande partie du pan de bois ont été nettoyés et réparés afin d’être conservés. Certaines pierres et certains pans de bois ont dû être remplacés.
Figure 7 : Remplacement de certaines colombes (source : Guillaume Algrave)
La façade ouest donnant sur la rue a été reconstruite à l’identique.
Figure 8 : Détail de la façade ouest
L’utilisation moderne de la grange a fait que l’entrée principale a été éventrée pour laisser passer les tracteurs. Le maître d’ouvrage a souhaité la reconstituer en suivant des dessins historiques.
Humidité
Il n’y avait aucune autre pathologie liée à l’humidité, mis à part celles dues au mauvais entretien du bâtiment. En particulier, il n’y avait pas de problèmes de remontées capillaires. Rappelons que le bâtiment est situé sur le point haut du village.
Murs
La totalité du torchis, en mauvais état, a été retiré. Un nouveau torchis est venu remplir l’espace entre les pans de bois. Un torchis traditionnel composé d’argile dégraissée au sable et paille le tout posé sur un double lattage en lattes clouées a été mis en œuvre. Les pans de bois sont couleur framboise. Cette teinte, déjà conseillée par le Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’’Environnement de l’Oise pour une restauration à Beauvais, a pour avantage de mettre en valeur au premier coup d’oeil .
Les murs ont ensuite été isolés par l’intérieur avec 20 cm de laine de chanvre en rouleau sur ossature bois, avec finition à l’enduit terre (contenant de l’argile) sur cloison en lattis serré (lattes de châtaignier).
L’enduit terre a été choisi pour ses bonnes propriétés hygrothermiques : aucun pare-vapeur n’a été posé, au vu de la bonne étanchéité à l’air de l’enduit, posé de manière parfaitement continue et sans fissure. Ce choix est également esthétique, puisque l’enduit terre s’accorde bien avec l’existant, et pratique, puisque le maître d’ouvrage dirige la manufacture de terre cuite de Saint-Samson.
Figure 9 : Cloison en bois latté avant la finition à l’enduit terre (source : Guillaume Algrave)
Pour éviter tout problème d’humidité, tous les enduits ont été travaillés au printemps, afin de permettre à la terre de sécher avant l’hiver. Ils ont ensuite été colorés avec des pigments naturels. Près de dix teintes différentes ont été utilisées dans toute la maison.
Enfin, des boiseries recouvrent le premier tiers des murs.
Les murs du deuxième étage, mansardé, ont été isolés avec 30 cm de laine de chanvre en rouleau. Les finitions, plus classiques, sont en plaques de plâtre.
Figure 10 : Coupe transversale (source : Guillaume Algrave)
Toiture
La charpente a été surélevée à l’aide de crics, par l’équipe de charpentiers afin d’être restaurées. L’ensemble des pièces de bois abîmées ont été remplacées. Les lucarnes ont été déposées, puis remisent à leur place.
Figure 11 : Dépose d’une lucarne (source : Guillaume Algrave)
Plancher intermédiaire
Le plancher de l’étage a été totalement créé pour le logement. Il est en bois, fourni par une scierie locale, et n’est pas isolé, ce qui permet à la chaleur venant du plancher chauffant du rez-de-chaussée de circuler à l’étage.
Figure 12 : Plan de l’étage (source : Guillaume Algrave)
Plancher bas
Le plancher bas est un plancher béton, composé, de bas en haut, d’un film polyane, de polystyrène (qui remonte sur les côtés pour faire la jonction avec l’isolation thermique des murs), d’une dalle classique en béton et d’un plancher chauffant.
Les revêtements du sol du rez-de-chaussée ont été réalisés avec des tommettes, des ardoises de Touraine, des briques et du plancher bois. L’essentiel de ces revêtements est issu de la récupération. Ils font entre 2 et 3 cm d’épaisseur et sont directement collés sur la dalle.
Figure 13 : Revêtements de sol en tommettes et ardoises
Menuiseries
La grange d’origine ne possédait pas de fenêtres. Ainsi, une vingtaine d’ouvertures ont été créées en façade est et ouest. Ces dernières ont été placées afin de préserver la structure existante à pan de bois, en formant un rythme et des proportions cohérente avec ce type d’architecture.
Figure 14 : Création des ouvertures en façade est (source : Guillaume Algrave)
Les menuiseries posées sont en bois avec double vitrage. Le porte d’entrée en bois a été réalisée sur mesure par un artisan local.
Figure 15 : Façade est (source : Guillaume Algrave)
Aménagement intérieur
L’intérieur a été aménagé de manière moderne, avec essentiellement des matériaux de récupération (portes, revêtement, meubles), ce qui lui donne un charme atypique.
Figure 16 : Aménagement de la cuisine
Pour accéder à l’étage, un escalier classique a été inséré dans une cage d’escalier réalisée avec une ossature bois recouverte de plaques métalliques en zinc.
Figure 17 : Aménagement du palier de l’étage
Chauffage et ECS
Une chaudière au fioul récente a été achetée d’occasion et permet de chauffer les 400 m² habitables à l’aide d’un plancher chauffant du rez-de-chaussée.
Il n’y a pas de radiateur à l’étage : le plancher bois entre le rez-de-chaussée et le premier étage, non isolé, permet une libre circulation de la chaleur.
Ventilation
Le maître d’ouvrage a prévu l’installation d’une VMC simple flux : pose de fourreaux, préparation des différentes entrées et sorties. Cependant, l’installation n’était pas finalisée en 2017. Actuellement, la ventilation se fait donc uniquement par ouverture des fenêtres, y compris dans les pièces d’eau.
L’enduit terre participe également à la régulation hygrothermique. Il peut notamment absorber jusqu’à 7 % de son poids en eau.
Une ventilation par ouverture des fenêtres n’est parfois pas suffisante pour évacuer la vapeur d’eau produite par les occupants (cuisson, nettoyage, respiration). Elle dépend également des habitudes de ces derniers, qui peuvent ne pas ouvrir les fenêtres lorsque cela est nécessaire. D’autre part, l’air intérieur peut être pollué par des moisissures ou des composés chimiques, comme les composés organiques volatils, contenus dans l’ameublement ou les produits d’entretien. Une ventilation contrôlée (mécanique ou naturelle) reste donc la solution la plus sûre pour gérer la ventilation à l’intérieur d’un logement, d’autant plus qu’elle est indépendante des habitudes des occupants.
Problématiques transversales
Ponts thermiques
La continuité de l’isolation a permis de traiter les ponts thermiques entre les planchers et les murs. C’est notamment le cas au niveau du plancher bas, où le polystyrène du plancher bas en béton remonte sur les côtés pour faire la jonction avec la laine de chanvre des murs.
Le plancher intermédiaire, totalement créé pour le logement, ne constitue pas une rupture de matériaux au niveau du mur de façade, car, il vient s’encastrer dans la façade ponctuellement et sur seulement une partie de l’épaisseur de celle-ci.